Photo : Martinet noir © David Alquier

Recensement des sites de nidification et préservation des espèces du milieu bâti

Lors des travaux de rénovation et de démolition, sauvegardons et restaurons les lieux de nidification des espèces du bâti : martinets, hirondelles de fenêtre, moineaux domestiques, étourneaux sansonnets, chauves-souris, lézards des murailles… La ville regorge de vie, humaine, mais pas seulement ! Nos bâtiments sont utilisés par un bon nombre d’espèces qui se sont habituées à cet environnement urbain jusqu’à en délaisser parfois totalement leur habitat d’origine. C’est notamment le cas du Martinet noir qui a abandonné les anfractuosités des falaises pour nicher aujourd’hui presque exclusivement dans celles de nos bâtiments.

Ces espèces dites inféodées au bâti, (hirondelles de fenêtre, moineaux domestiques, étourneaux sansonnet, rougequeue noir, chauves-souris, etc.) sont donc dépendantes du maintien de leur habitat urbain, au même titre que celles qui peuplent les abords de nos constructions. Le Suivi Temporel des Oiseaux communs (STOC) révèle une baisse d’abondance d’un tiers des espèces spécialisées des milieux bâti en trente ans, plus spécifiquement de 23,3 % pour l’Hirondelle de fenêtre et de 46,2 % pour le Martinet noir entre 2001 et 2019. Le Moineau domestique est également fortement impacté, notamment en Ile-de-France où 73 % de ces oiseaux ont disparu entre 2003 et 2016 (source : étude LPO et MNHN).

Des pressions ravageuses

La principale raison de ce déclin est la perte de leur habitat. Les travaux de rénovation énergétique et les opérations de renouvellement urbain, par la destruction de bâtiments propices à l’accueil de ces espèces, impactent considérablement leurs populations.

Les travaux d’Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE) et les ravalements de façade bouchent les anfractuosités des murs utilisées par les martinets et conduisent à la destruction de nids d’hirondelles, construits quant à eux sur les façades. De plus, les nouvelles parois lisses après travaux ou des nouvelles constructions ne permettent pas à ces oiseaux d’y construire à nouveau leur nid. La raréfaction des ressources alimentaires après travaux, due à la destruction des espaces végétalisés aux abords des bâtiments, est aussi un facteur d’appauvrissement de la biodiversité en ville.

Une méconnaissance des enjeux

Bien que bon nombre de ces espèces (et leurs sites de nidification) soient protégées par le code de l’environnement (articles L 411-1 et suivants), elles ne sont malheureusement que peu prises en compte dans le cadre de ces opérations. Les porteurs de projets ignorent souvent l’incidence de ces travaux sur la faune du bâti. C’est pourquoi la LPO a lancé le projet Rénovation du bâti et biodiversité qui vise la préservation et la restauration des habitats des espèces protégées inféodées à nos constructions. Les réflexions menées ont permis de recenser, dans le guide technique Rénovation du bâti et biodiversité, les solutions permettant de concilier besoins des espèces et impératifs techniques des bâtiments.

Un inventaire pour alerter les porteurs de projets

La campagne de recensement des lieux de nidification des espèces du bâti permet de créer une cartographie détaillée à l’échelle d’une commune ou d’une intercommunalité. Ainsi, les zones à enjeux sont plus facilement détectables, ce qui permet aux acteurs de l’aménagement d’anticiper la prise en compte de ces espèces. Cette cartographie, transmise aux collectivités territoriales, leur permet d’assurer une meilleure protection des sites de nidification notamment en l’inscrivant dans les documents d’urbanisme (Système d'Information Géographique, PLU(i)…). Mise à disposition des agents d’urbanisme, elle permet aussi d’alerter les porteurs de projets lors de leurs demandes de permis de démolir, rénover, construire et de les inciter à préserver les sites de nidification et les espèces.

Les données sont collectées toute l’année sur Faune France (via le site Internet ou l’application NaturaList), avec une phase clé d’avril à septembre (de juin à mi-juillet pour le comptage des colonies de martinets, période de nourrissage des jeunes). Un module spécifique a été créé pour cette campagne, Biobat. Un guide compilant les protocoles d’inventaires détaillé et d’aide à la saisie des données est mis à disposition.

Rendez-vous sur Faune- France en cette période de retour des oiseaux migrateurs comme les hirondelles et les martinets pour participer à la préservation de ces espèces emblématiques de nos villes par le maintien de leurs habitats !

biobat 2025
sciences participatives
bâti
conservation
Voir les autres actualités