Photo : Gobemouche gris © Jean Bisetti

Une halte au jardin et c'est reparti !

Découvrez quels oiseaux migrateurs fréquentent en secret votre jardin, la raison de leur présence et comment les recenser.

Quand on parle de migration, la première espèce qui vient à l’esprit est souvent l’Hirondelle rustique. Un peu avant la migration postnuptiale, les individus se rassemblent, sur les fils électriques par exemple. Mais saviez-vous que d’autres migrateurs postnuptiaux fréquentent activement les jardins en cette période avant de quitter la France pour de bon ? Découvrez quelles espèces parfois très discrètes peuvent fréquenter vos jardins et les raisons de leur présence.

Les jardins lieu de refuge et zone d’alimentation pour les migrateurs postnuptiaux

La plupart des migrateurs transsahariens (migrateurs au long cours) comme les hirondelles, les rousserolles, les guêpiers, les gobemouches, les fauvettes, les rougequeues, etc. débutent leur voyage vers leurs terres d’hivernage au mois d’août. C’est la raréfaction de leur ressource alimentaire principale (les insectes pour la majorité) durant les mois d’hiver qui les pousse à s’en aller. Avant le grand départ, les oiseaux se dispersent à la recherche d’une nourriture abondante qui leur permettra de faire des réserves de graisses, de vitamines, de sucre et autres nutriments. C’est ce qui les pousse à visiter nos jardins, pourvoyeurs de nourriture (baies, fruits, insectes) et zones de refuge, pour peu qu’ils contiennent des arbres ou arbustes ou un potager et qu’ils ne soient pas trop entretenus.

8 espèces que vous pouvez trouver dans vos jardins en cette période

Ouvrez l’œil en cette saison, car il se pourrait bien qu’une ou plusieurs espèces migratrices se pose au sommet de votre haie, sur les branches de votre chêne ou passe simplement en vol au-dessus de votre jardin !

Et parmi les plus sonores notez le Guêpier d’Europe que vous pourrez observer volant par dizaines. Ces groupes sont facilement repérables grâce aux nombreux cris de vol caractéristiques. Les guêpiers nichent en colonies dans des zones sableuses (sablières, dunes, …) dans lesquelles ils creusent leurs nids. Les premiers migrateurs se rassemblent autour de la mi-juillet et préparent leur départ vers l’Afrique tropicale. Cette espèce, strictement méditerranéenne à la base, remonte chaque année un peu plus vers le nord et l’ouest de la France, sous l’effet du changement climatique. Visualiser la carte du moment sur Faune France.

Plusieurs autres espèces fréquentent les jardins à cette période. Certaines, comme les fauvettes, sont plutôt discrètes et solitaires alors que les gobemouches se perchent bien en évidence :

Le Rougequeue à front blanc

En période de migration d’automne, le Rougequeue à front blanc effectue des haltes régulières dans la plupart des milieux ouverts ou semi-ouverts. Les jardins offrent un habitat favorable à cette espèce qui se perchent volontiers sur les piquets de clôture ou des branches basses. A cette période, les mâles ont un plumage moins coloré qu’au printemps. Loquace, son cri de contact permet de le repérer facilement.

Les fauvettes grisette et des jardins

Malgré son nom, la Fauvette des jardins ne se reproduit pas dans les jardins mais préfère les habitats denses et buissonnants, les haies, les landes et les boisements humides. En revanche, en période de migration postnuptiale, il est fréquent d’observer des individus en halte migratoire dans les jardins, notamment si des ronciers sont présents. De même, la Fauvette grisette devient un hôte régulier des jardins buissonnants au mois d’août et de septembre. Pour observer ces deux espèces, il faut être patient et scruter avec attention les buissons de ronces riches en baies et en insectes. Au bout de quelques minutes, le mouvement de branches trahira la présence d’un petit sylvidés, qui pourra bien s’avérer être l’une de nos deux fauvettes.

Le Pouillot fitis

Le Pouillot fitis est un petit passereau particulièrement abondant dans le nord de l’Europe (il niche aussi dans le quart nord-est de la France). A partir de début août, des dizaines de millions d’individus s’élancent en direction du sud-ouest de l’Europe. Destination finale : l’Afrique de l’Ouest et les savanes arborées riches en insectes. Sur ce long trajet, ce migrateur va effectuer plusieurs haltes migratoires. Il devient alors très commun, souvent au cœur même des jardins. Son cri, un “u it” dissyllabique aide à le repérer dans les frondaisons des arbres.

La Rousserolle effarvatte

A l’instar des fauvettes, la Rousserolle effarvatte fréquente des milieux diversifiés en halte migratoire, bien plus qu’en période de reproduction où elle se concentre sur les roselières. Particulièrement discrète, elle est difficile à observer, toujours dans l’ombre d’un buisson. Chez cette espèce, les stratégies de migration diffèrent selon l’âge des oiseaux. Les juvéniles, peu expérimentés, vont suivre le littoral de la Manche puis de l’Atlantique, effectuant des haltes régulières dans les grandes zones humides côtières riches en roselière. En revanche, les adultes, qui ont déjà réalisé plusieurs migrations ont une trajectoire plus directe et se rencontrent plus facilement à l’intérieur des terres, notamment dans les habitats éloignés de l’eau.

Les Gobemouche noir et Gobemouche gris

Ces deux passereaux migrateurs sont familiers des jardins en période de migration. Souvent bien visibles, ils chassent les insectes à l’affût mais peuvent aussi consommer de petites baies dans les buissons. D’août à septembre, on assite à de véritables invasions de gobemouches dans les jardins, ce que les ornithologues appellent des “tombées”. En effet, ces deux espèces migrent de nuit, souvent par vague, et se posent au petit matin dans des zones favorables. De ce fait, certains jours, plusieurs dizaines d’oiseaux peuvent s’observer dans les jardins pour une halte de quelques heures avant de repartir le soir même en migration. Ouvrez bien les oreilles : le cri du Gobemouche noir rythme les matinées d’août au jardin.

Les 3 conseils pour attirer, observer et recenser les espèces migratrices au jardin

Conseil N°1 : ensauvagez votre jardin, installez différents niveaux de végétation nourricière et offrez des points d’eau !

Comment procéder ? Planter des espèces buissonnantes ou arbustives comme le Sureau noir, aux fleurs mellifères et aux baies noires en fin d’été, l’Aubépine au feuillage dense et à la fructification automnale), Le Troène, au feuillage persistant (refuge) et aux baies sombres, le Cornouiller sanguin (fleurs pour les pollinisateurs et baies noires), le Cotonéaster qui se couvre de baies rouges à l’automne, le Houx allié hivernal des oiseaux, le Fusain d’Europe aux fruits rose et orange, le Pyracantha, l’Amélanchier, la Viorne orbier ou encore le Rosier rugueux. Si vous avez un peu de terrain vous pouvez également installer un verger sauvage avec des pommiers, pruniers, ou poiriers. Mélangez les essences citées plus haut permet d’augmenter la résistance aux maladies, d’étaler les sources de nourriture sur l’année et de varier les hauteurs de végétation. Vous pouvez également laisser un coin du jardin en friche. En plus de favoriser la diversité végétale et d’enrichir la flore spontanée du jardin, cela bénéficiera à toute la petite faune. Les oiseaux pourront s’y cacher et y dénicher des insectes. Enfin placez une soucoupe avec de l’eau, de préférence en hauteur et isolée pour éviter les attaques de prédateurs, elle permettra aux oiseaux de s’abreuver et d’y prendre un bain.

Plus de conseils pour accueillir la biodiversité au jardin : Les 15 gestes Refuge pour protéger la biodiversité

Conseil N°2 (et pas des moindres !) Patience et discrétion...

Comparé au mois de mai ou de juin, l’ambiance sonore du jardin est plutôt calme en août et septembre. Cependant, on entend régulièrement de petits cris d’oiseau, appelés cris de contact qui trahissent la présence d'oiseaux en halte migratoire. Cette période offre généralement des opportunités d’ajouter de nouvelles espèces à sa liste d’observations dans son jardin. Pour observer ces espèces souvent discrètes, le mieux est de se tenir à une quinzaine de mètres d’une zone favorable, riche en ronciers ou végétation dense et de patienter quelques minutes en se restant immobile. Les oiseaux, à couvert dans le feuillage, vont progressivement se déplacer et se mettre à découvert quelques secondes, ce qui permettra de les identifier.

Conseil N°3 : privilégiez le recensement par listes complètes et communiquez vos données

Prenez minimum 5 à 10 minutes (ou plus si vous le souhaitez) pour recenser toutes les espèces observées pendant votre comptage et formellement identifiées (c’est ce qu’on appelle faire une liste complète), et notez-les sur votre carnet puis sur le portail Oiseaux des jardins ou sur Faune-France. Vous pouvez aussi renseigner directement les données depuis votre jardin à l’aide de l’application NaturaList.

Plus d’informations sur les listes complètes. Pour saisir une observation hors formulaire de base sur le site oiseaux des jardins, consultez le guide du participant à la page 11.

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