Sauvegardons et restaurons les lieux de nidification des martinets et des hirondelles de fenêtre !

Les martinets et les hirondelles de fenêtre seront bientôt de retour en Europe, pour le plus grand plaisir des ornithophiles. Annonciatrices du printemps, ces deux espèces sont dotées d’un fort capital sympathie. Pourtant, elles subissent de nombreuses pressions anthropiques qui impactent considérablement leur population. Le Suivi Temporel des Oiseaux communs (STOC) révèle une baisse d’abondance de 23,3 % pour l’Hirondelle de fenêtre et de 46,2 % pour le Martinet noir entre 2001 et 2019.

Des pressions anthropiques amenées à se densifier

La principale raison de ce déclin est la perte de leur habitat, due notamment aux travaux de renouvellement urbain et de rénovation énergétique. En effet, l’Hirondelle de fenêtre et le Martinet noir sont des espèces dites inféodées au bâti. Elles nichent, se reproduisent et s’abritent sur ou dans les constructions. Les travaux d’Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE) et les ravalements de façade bouchent les anfractuosités des murs utilisées par les martinets et conduisent à la destruction de nids d’hirondelles. De même, les nouvelles façades lisses ne permettent pas à ces oiseaux d’y fixer leur nid. La raréfaction des ressources alimentaires après travaux est aussi un facteur d’appauvrissement de la biodiversité en ville.

Bien que ces espèces et leurs sites de nidification soient protégés par le code de l’environnement (articles L 411-1 et suivants), elles ne sont malheureusement que peu prises en compte dans le cadre des travaux de rénovation et de renouvellement urbain.

La France s’est fixée de nombreux objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. Les opérations de rénovation énergétique vont donc se massifier, ce qui va avoir de lourdes répercussions sur les espèces inféodées au bâti, notamment le Martinet noir et l’Hirondelle de fenêtre. De la même manière, la lutte contre l’étalement urbain, bien que nécessaire, va entrainer, pour reconstruire et densifier, la destruction de bâtiments favorables à ces espèces.

Il est par conséquent urgent d’engendrer un changement de paradigme afin que travaux de rénovation et de renouvellement urbain ne contribuent pas à l’effondrement du vivant.

Le projet Rénovation du bâti et biodiversité : mieux connaitre pour protéger

C’est pourquoi la LPO a lancé en mai 2023 le projet Rénovation du bâti et biodiversité. Ce dernier vise la préservation et la restauration des habitats des espèces protégées inféodées à nos constructions. Un groupe de travail multi acteurs s’est réuni à plusieurs reprises pour coconstruire des solutions généralisables et réplicables permettant de concilier besoins des espèces et impératifs techniques des bâtiments. Ces solutions sont actuellement testées sur 10 sites pilotes répartis sur l’ensemble de l’hexagone. Les résultats du suivi des solutions feront l’objet d’un guide technique à destination des différents acteurs de la rénovation/construction.

Un inventaire nécessaire

En parallèle, la campagne de recensement des lieux de nidification des martinets et des hirondelles permettra de créer une cartographie détaillée à l’échelle d’une commune ou une intercommunalité. Ainsi, les zones à enjeux seront plus facilement détectables, ce qui permettra aux acteurs de l’aménagement d’anticiper la prise en compte de ces espèces.

Cette cartographie, par commune, permettra aux collectivités territoriales d’assurer une meilleure protection des sites de nidification notamment dans les documents d’urbanisme. Mise à disposition des agents d’urbanisme, elle permettra aussi d’alerter les entreprises lors de leurs demandes de permis de démolir, rénover, construire et de les inciter à préserver les sites de nidification et les espèces.

Les données seront collectées sur Faune France (via le site internet ou l’application NaturaList) d’avril à septembre. Un module spécifique a été créé pour cette campagne, Biobat. Le guide de pratiques de recensement des sites de nidification des martinets noirs et de l’Hirondelle de fenêtre est ligne.

Grâce à l’engagement de tous, nous pourrons faire évoluer les pratiques !

Rendez-vous sur Faune France dès le mois d’avril, avec une phase clé de juin à mi-juillet pour le comptage des colonies de martinets, période de nourrissage des jeunes.