Photo : Huppe fasciée © Emile Barbelette

Comment les oiseaux migrateurs franchissent-ils les mers et les déserts ?

Une étude récente montre que les petits oiseaux migrateurs nocturnes adoptent une stratégie de vol différente selon le type de barrière écologique traversée : désert vs zone marine.

Outre les obstacles anthropiques (parcs éoliens, lignes électriques), les barrières écologiques comptent parmi les plus gros écueils auxquels les oiseaux migrateurs sont confrontés sur leur parcours. Ils parviennent pourtant à les franchir grâce leur grande capacité d’adaptation mais au prix d’une dépense énergétique conséquente.

Comment les petits oiseaux migrateurs franchissent-ils le désert du Sahara ou une zone marine comme la mer Méditerranée ? Volent-ils tout le temps à la même hauteur ? La taille des ailes influence-t-elle la façon de voler des oiseaux migrateurs ? Dufour et al. se sont penchés sur ces questions dans une étude récente intulée "Variations de la stratégie de vol des petits oiseaux migrateurs traversant les principales barrières écologiques".

Les nouvelles technologies au service de l’étude du comportement des oiseaux en migration

C’est grâce à des capteurs multisensoriels - enregistrant des informations sur la lumière, la pression et l’activité - posés sur 59 individus issus de 16 espèces migratrices nocturnes (passereaux insectivores, Petit-Duc scops et Huppe fasciée) du sud de l'Europe et couplés avec des méthodes de géolocalisation que les scientifiques ont pu déterminer où, quand et comment les petits oiseaux migrateurs nocturnes traversent deux types de barrières écologiques différents : des zones marines (le golfe de Gascogne et la mer Méditerranée) et un désert (le désert du Sahara).

Les oiseaux adaptent leur stratégie de vol en fonction du type de barrière écologique traversé

Les premiers résultats de cette étude mettent en évidence deux stratégies courantes adoptées par ces espèces :

  • les traversées maritimes à très basse altitude
  • les vols au-dessus du désert du Sahara à très haute altitude (3 à 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer) avec des changements d’altitude quotidiens

En effet, lorsque les vols nocturnes se poursuivent le jour, il est noté que les individus volent à des altitudes supérieures. Ces changements coïncident avec le lever du jour, ce qui conforte l’hypothèse selon laquelle les oiseaux atteignent des altitudes élevées pendant la journée pour atténuer le réchauffement de l’air par le rayonnement solaire. Quelques records d’altitude ont été notés comme par exemple un Rossignol philomèle mesuré à 5910 mètres au-dessus du niveau de la mer, ou encore 6638 mètres pour une Rousserolle turdoïde.

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